LORNA, LE SKI-ALPINISME DANS LA PEAU
Elle est née dans la pente. Dans les herbes folles de Maurienne, patrie glissée entre Italie et France, au cœur de la Savoie. Elle aurait pu s’appeler Heïdi. Elle s’appelle Lorna. Lorna Bonnel. C’est notre ambassadrice ski-alpinisme. Championne du monde en 2017 et 2019 avec Axelle Mollaret, 3e de la Pierra Menta, victorieuse du Troffeo Mezzalama…
34 ans, une longue silhouette élancée surmontée d’un sourire perpétuel. Une certaine discrétion, l’élégance des gestes et des mots. Lorna Bonnel, c’est la montagnarde pure et (pas) dure. Une enfance gaie entre bancs d’école et planches de ski. Sa maman, Nadine, est infirmière, son papa, Laurent, entraineur au ski-club. Elle file donc naturellement sur ses traces blanches et s’aligne au départ de compétitions de ski alpin. Sans trop y penser. Par la suite, elle travaille beaucoup, accumulant les heures à l’ESF, avec ses collègues moniteurs, mais aussi comme vendeuse dans un magasin de sport. Elle passe un BTS Management des unités commerciales. Le soir venu, partagea sa passion de la montagne autour de diaporamas photos. Plus tard, elle passera son diplôme d’accompagnatrice en montagne.
Et puis un jour, elle se découvre une passion. Dévorante. Exigeante. Jalouse. Presque exclusive. Le ski-alpinisme.
Un sport qui consiste à enchaîner des montées à peaux dites « de phoque » (aucun animal n’est maltraité dans cette histoire, en réalité, rassurons-nous), très éprouvantes d’un point de vue endurance, avec des descentes affriolantes dans des pentes non damées (techniquement très sélectives).
« C’était en 2013-2014 » se souvient-elle.
« J’ai tout de suite voulu bien faire. J’ai pris un entraîneur directement pour une saison. Puis, Gabriel des ceintures Sammie m’a parlé de Benoît Nave (le nutritionniste Baouw, ndlr). Perfectionniste, j’ai envie de bien faire. Bien s’entraîner ne s’improvise pas, même s’il faut savoir s’écouter. Benoît avait une belle carrière dans le sport, il avait entraîné beaucoup de monde et, par dessus le marché, il a une vision globale de l’athlète. Ostéopathe, nutritionniste, il a une expertise très complète, ça me plaisait beaucoup. » Elle se prend vite au jeu. Enchaîne de plus en plus de compétitions de ski-alpinisme. « J’ai tout de suite vraiment bien progressé avec Ben, alors que j’étais débutante. Ça me plaît d’aller voir jusqu’où je suis capable d’aller. »
Championne du monde de ski-alpinisme par équipes, elle a déjà glané des podiums individuels en coupe du monde et ne compte pas s’arrêter là. « Petite, je n’étais pas la meilleure en ski, parce que je n’étais pas à fond, je n’étais pas passionnée. L’inverse de mon frère Alexis, avec qui je cours parfois dorénavant en ski-alpi, pour mon plus grand plaisir. C’est la
Pierra Menta et mon frère qui m’ont fait aimer ce sport. »
ET APRÈS le ski-alpinisme ?
Après ce sera toujours la montagne.
Après les dossards.
Après les larmes.
De joie, de déception.
Après le speed, les vertical race, les manips enchaînées à toute berzingue.
Il restera la montagne.
« Des traversées, des beaux projets sur les cimes. La nature. « Va jouer dehors ! », c’est le slogan de Baouw, un slogan que je partage ! Toujours être dehors. Nous avons construit notre maison au milieu des prés. Baouw, pour moi, c’est la nature. Et c’est tout ce que j’aime. »
Portrait par Myriam Cornu