QUESTION DE BAOUWER Stéphane Levasseur :
Bonjour Xavier, le changement d’objectif (de la Hardrock à l’UTMB®) a t il representé une difficulté pour la préparation de l'UTMB® et donc peut être une certaine fatigue qui a pu se faire sentir au moment où tu aurais pu faire douter pau capell?
Xavier Thévenard : « Pas tellement car on a su assez tôt en avance que cela pourrait être annulé, en raison de la neige. Donc dans ma tête, j’ai basculé assez vite. Surtout que c’était à Chamonix, donc j’étais sûr de m’éclater. J’étais content de retourner voir le mont Blanc. Et puis je me suis dit : « C’est un avion de moins ». (Xavier est très sensible à l’environnement et à la pollution générée notamment par les vols, ndlr). Ensuite… (hésitation). La Hardrock, c’est la course la plus difficile que j’aie jamais faite. C’était presque du soulagement. J’ai pensé à la souffrance que je m’épargnais. Même quand tu es acclimaté, j’ai l’impression que tes sensations sont toutes faussées. Tu n’as pas la fluidité et l’aisance que tu as à la maison. C’est ce qui rend la course si difficile.
QUESTION DE BAOUWER Vincent Hiker Man :
Qu'est-ce qui fait que Chamonix est si spécial pour toi que tu y retournes chaque année ?
Xavier Thévenard : « Parce que ce n’est pas loin de la maison, déjà. Pendant les sorties que je fais, souvent, je vois le massif du Mont-Blanc. Quand j’étais petit, les sorties du ski-club, sur la crête, nous offraient toujours en visuel le massif du Mont-Blanc. Il représente des bons souvenirs de balades avec mes parents. Depuis tout petit, je vais au « Panorama du Mont-Blanc » dans le Jura. Pour le stage de fin d’année, en sport-études, on faisait le tour du Mont-Blanc à vélo. Ce mont Blanc, il a un goût d’enfance pour moi. D’enfance heureuse, c’est ma madeleine, oui ! Je ressens toujours de l’excitation à aller là-bas parce que c’est tellement magique ! Comme je le dis toujours, dans l’année, il y a Noël, le nouvel An et Chamonix. Ce qu’on pense de l’’UTMB®, c’est propre à soi. Mais moi, je sais que j’ai toujours l’étincelle d’aller courir là-bas !
On ne peut pas être blasé de Chamonix.
De toute façon, par exemple, je fais toujours le tour « ABS » autour de chez moi. Mais je ne connais pas la monotonie. Les décors, la lumière, les paysages sont différents. La météo. Les sensations. Les rencontres dans les bois. Je ne compte pas les carreaux à la piscine !
QUESTION DE BAOUWER Gilles Triffault Marine Robert Sylv Thomas :
Salut Xavier, l'ultra est loin d'être une science exacte, mais tu arrives tout de même à tenir ton objectif à 3 minutes près. Du coup, comment as-tu calculé/planifié les différentes durées entre tes check point et surtout ne regrettes-tu pas de ne pas avoir mis la barre un peu plus haute pour la durée totale de ta course?
Xavier Thévenard : Parce que je me connais bien. Je connais mes sensations. Sur un parcours, je peux savoir le temps que je vais mettre sur tel profil avec tel dénivelé. C’est l’expérience que j’ai accumulée. En voyant juste le terrain, je sais dire combien de temps je vais mettre car je suis en accord avec mon corps, ma forme. Cela s’acquiert avec le temps. J’ai beaucoup de recul sur l’UTMB® et sur les parcours de Chamonix. Pour quelqu’un qui en fait un peu moins, c’est difficile à cerner, c’est certain.
Si j’ai des regrets de ne pas avoir mis la barre plus haut ? Oui, on peut se poser la question (silence). Mais c’est un gros risque à prendre. Tu ne sais pas comment ton corps va réagir si tu n’es pas dans ton allure. Écoute… imagine. Tu bosses comme un forcené pour passer un examen. Et la veille, tu te dis… tu décides de changer tout. J’ai voulu faire MA course. Et je n’ai aucun regret par rapport à ça. Car j’ai fait le job comme j’aime le faire. Et cela s’est bien passé pour moi.
« Aurais-je été capable de mettre la barre encore plus haute ? Je ne sais pas, de toute façon, je n’ai pas voulu prendre le risque. Des risques, on en prend déjà bien assez, je trouve » résume Xavier Thévenard, pour répondre à la question de Gilles : « As-tu des regrets de ne pas avoir mis la barre plus haut, sur cet UTMB® 2019 ? »
Photos : Myriam Cornu pour Baouw