Baouw-Blog : « Ce mode de vie et ce régime cétogène ne s’adresse-t-il qu’à de grands champions d’ultra endurance comme Xavier Thévenard ou Benoît Girondel ? »
Benoît Nave : « On croyait, jusqu’à il y a très peu de temps, que cela s’adressait aux sportifs d’ultra endurance, pas forcément au plus haut niveau. Mais on s’aperçoit qu’on peut adapter – et j’insiste sur le mot « adapter » – à tous les sports d’endurance. Pas seulement d’ultra. Les dernières études montrent qu’on peut brûler jusqu’à deux fois plus de graisses en passant d’un régime classique à un régime cétogène, à niveau d’intensité égal. Sur un marathon, tes ressources seront forcément épuisées. Le mur du marathonien, en gros, c’est ça ! Sur toutes les courses de 2h ou plus, le facteur limitant au maintien de l’intensité, c’est la capacité à fournir toujours autant d’énergie aux muscles. Pour courir à une certaine vitesse, il te faut une certaine quantité d’énergie. Elle peut être fournie soit par les glucides, soit par les lipides. À condition physique égale, le régime cétogène va permettre de doubler l’utilisation des lipides. Pour courir un 20 km, une personne non entraînée va courir à 80 % sur la filière glycolytique. Avec un régime cétogène, elle va passer à 60 %. Ce qui veut dire qu’elle va pouvoir continuer à courir à la même vitesse, qu’elle va courir plus longtemps. Parce que – encore une fois - le facteur limitant principal, ce sont tes réserves en glycogène. L'alimentation favorisant la cétogénèse est particulièrement adaptée aux efforts longs, 4h et plus, lorsque les réserves seront épuisées avant la fin de l'épreuve.»
Baouw-Blog : « On peut se lancer comme cela ? C’est sans danger ? »
Benoît Nave : « Il y a de vrais bénéfices pour la santé à l’adopter dans bon nombre de circonstances - si on ne tombe pas dans l’excès, évidemment. Il ne faut pas faire cela dans son coin tout seul, sans être encadré, sinon, on peut vite faire n’importe quoi. Attention aux moindres signaux d’alerte comme une fatigue persistante inhabituelle.
Par contre, on peut s’inspirer, si on ne tombe pas dans l’extrème et qu’on n’applique pas à la lettre. On ne risque pas grand-chose, par exemple, à diminuer sa ration de glucides et à augmenter sa ration de bons lipides*. Il faut y venir progressivement. Ne pas basculer d’un coup dans le régime cétogène. L’adaptation du corps à l’utilisation des lipides va faire qu’on va être capable de manger moins sucré à l’effort et de s’alimenter beaucoup moins souvent. Or, le fait de manger sucré à l’effort est limitant car on sature vite au niveau du goût (ndlr : d’où l’intérêt, aussi,
des barres Baouw salées aux légumes). Et surtout l’estomac n’arrive plus à assimiler au bout d’un moment, d’où un grand nombre d’abandons. Un organisme sur-saturé en glucides à l’effort (gels, etc.) va réagir par des vomissements. On voit bien quels limites cela peut poser. Et on sait que l’un des facteurs numéros 1 d’abandon en course à pied sont les problèmes gastriques. »
*Les bons lipides : avocat, oléagineux, et l'huile à condition de bien la choisir. On te donne un coup de pouce pour bien sélectionner les huiles à mettre dans ton assiettes ici.