Baouw : 110 kilomètres avec un départ à minuit. Comment as-tu géré ton effort sur une course aussi longue ?
Matthis Granet : Je suis très content de ma gestion de course parce que je n’ai fait que remonter au classement. Je suis passé 6ème au premier checkpoint, puis j’ai remonté les places petit à petit. Les sensations étaient bonnes mais je me tords la cheville dans la descente d’Entrevernes au 33ème km alors que ma frontale n’éclaire plus beaucoup ! Nous n'étions qu’à 4h15 de course et il restait plus de 3h de nuit. Avec une demi-frontale et une demi-cheville, ça n’a pas été facile à gérer mentalement parce que je sentais que les jambes étaient bonnes mais que tout espoir de faire une belle course était révolu à cause de ma cheville. J'ai réussi malgré ça à faire abstraction de la douleur, à avancer à un bon rythme, et à revenir sur le 2ème (Michael de Cooman qui finira 4ème). Après 5h45 de course, je suis resté avec lui un long moment pour profiter de sa frontale et compenser les défaillances de la mienne.
« Avec une demi-frontale et une demi-cheville, ça n'a pas été facile à gérer mentalement »
Nous sommes ensuite arrivés à Giez (70ème km) en 2ème position avec Bastien Fleury (qui finira 3ème). Il faisait jour et ma cheville allait mieux. Mes jambes se sentaient toujours bien et j'ai donc commencé à reprendre confiance ! A ce moment, ma course a vraiment démarrée. Le 1er était à plus de 15min, mais je sentais que j’en avais encore sous le pied. J'ai attaqué et lâché Bastien Fleury dans la montée de Montmin (75ème km) et on m'a annoncé que le 1er n’est plus qu’à 5min. J’avais donc repris 10min en moins d’1h30 ! La victoire était jouable d’autant plus que nous arrivions dans les sentiers que je connais par cœur. Je l'ai repris vers le 85ème km et j'ai directement attaqué pour creuser l’écart. Je finirai finalement avec 12min50 d’avance.
« A ce moment, ma course a vraiment démarrée »
Je pense que pour bien gérer un ultra il faut vraiment penser à se préserver au maximum, le plus longtemps possible, quitte à être frustré de ne pas aller assez vite au départ. Ce n'est qu'à la moitié de la course que je commence à jouer pour une place. Avance ça, je préfère me concentrer sur moi-même et ma course.